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Le Carrefour des espérances est un endroit morose où il est rare d’entendre quelqu’un manifester une joie quelconque. Le rire franc et sonore de Clayton Tucker est donc d’autant plus singulier qu’il s’accompagne généralement d’une solide bordée de jurons et de claquements caractéristiques de son arme de prédilection. Clayton est une légende au sein de la confrérie des Chasseurs de prime. Agé d’une cinquantaine d’années, il est resté alerte et affuté. C’est un individu volubile et charmeur que l’on peut généralement trouver au sein des tavernes du Carrefour en train de narrer ses exploits et d’aguicher les serveuses. Sous ses aspects débonnaires, le Chasseur de prime reste celui qu’il a toujours été : un tueur infatigable, aux reflexes aiguisés. On dit de lui qu’il n’a jamais manqué une proie et que, si ses tarifs sont exorbitants, ils valent bien la qualité de ses services.
Ancien divisionnaire de la Roue de Fer, Clayton fut reformé pour insubordination. Des rumeurs persistantes laissent à penser qu’après avoir été surpris à frayer avec la femme de son officier supérieur, il ne se démonta pas, rossa l’infortuné époux et quitta la caserne sans un regard en arrière, amenant avec lui ses armes et son barda. Des années plus tard, le Vieux, comme le surnomme ses confrères, est une figure respectée du Carrefour. En plus d’un tableau de chasse bien garni, il est l’un des premiers rédacteurs du Code des Chasseurs, un ensemble de lois morales et d’indications volontairement floues régissant l’attribution des primes et la façon de s’affranchir, en cas de nécessité, des lois des Barons de Fer. Sans en être officiellement un des dirigeants, Clayton a une grande influence sur la confrérie et nombre de ses jeunes collègues acceptent de partager leurs primes avec lui, pour peu qu’ils les aident dans leurs traques les plus complexes.
Ses nombreuses années de chasse lui ont permis d’amasser une importante richesse qu’il mit à profit pour se confectionner un équipement digne des officiers de la Roue de Fer. Son lourd manteau, constitué du même alliage composite que les armures des divisionnaires, lui assure une bonne protection. Son fusil à répétition est capable de délivrer un barrage de plomb impressionnant, quoiqu’imprécis. Mais son arsenal ne se limite pas à cela. Le Vieux est un traqueur consciencieux qui repère le terrain et fait bon usage des divers pièges à sa disposition pour ferrer sa proie. Le placement soigneux d’explosifs miniatures ou de pièges à Aethergaz permet le plus souvent d’appréhender un criminel sans avoir à tirer le moindre coup et, plus important encore, sans s’exposer à une possible riposte.
Après avoir passé des années à traquer les membres de l’Assemblée, un syndicat du crime œuvrant dans les ruelles sombres du Cloaque, Clayton a finalement trouvé une piste menant à Valentian Pryce, l’énigmatique dirigeant des bas-fonds. La capture de ce dernier constituerait le point d’orgue de sa riche carrière et lui permettrait de prendre une retraite bien méritée, en ayant suffisamment d’argent en poche pour jouer les nantis dans la Ville Haute. Pour mener à bien cette ultime chasse à l’homme, le Vieux s’est engagé dans les rangs des expéditions en partance pour les Rocs Brisés, comptant sur les primes faramineuses offertes par les Aetherguildes pour la protection de leurs précieux prospecteurs. Conscient que la traque de Pryce risque de nécessiter d’importants moyens financiers, il est bien décidé à agir avant que sa proie ne lui file entre les doigts.
