Membre éminent de l’Université du Fortin, le docteur Graham appartient à un groupe d’alchi-médecins érudits dont la mission première est de trouver un remède à la peste de suie, maladie incurable et mortelle qui décime la population et plus particulièrement celle des bas quartiers et du Cloaque. Alors que les notables de la Ville Haute sont majoritairement épargnés par ce fléau, les classes ouvrières souffrent en silence au sein du Carrefour. C’est à l’occasion d’un épisode particulièrement meurtrier que le Baron de Fer Matthias Merengrad mesura la menace que cette situation, qui rendait ses nombreux ouvriers incapables de tenir les cadences infernales qu’il leur imposait, impliquait pour ses affaires. Avec tout le cynisme dont il était capable, Merengrad se fit acclamer en grande pompe par ses pairs lorsqu’il lança, à grand frais, la construction d’un laboratoire au sein duquel œuvreraient les plus grands esprits du Fortin dans le but d’éliminer une fois pour toutes ce terrible mal.
Assistée des docteurs Richter Grimm et Amarine Cerone, Elisabeth passa de très nombreuses heures dans le laboratoire auprès des malades les plus gravement atteints. Elle étudia l’alchimie et fit de multiples tentatives afin de trouver, en combinant les différentes propriétés de l’Aether, le remède adapté. Ses recherches permirent de considérables avancées en médecine, notamment la création de puissants stimulants, qui serviraient par la suite aux Divisions de la Roue de Fer. Le docteur Graham se différenciait de ses confrères. Pour Richter, homme froid et insensible, seuls importaient les résultats. Quant à Amarine… Lorsqu’Elisabeth finit par découvrir les odieuses expériences auxquelles sa consœur se livrait sur leurs patients, elle ne put garder le silence. Comprenant rapidement que Matthias Merengrad avait approuvé, voire encouragé, ces travaux révoltants, elle porta l’affaire directement auprès du Général Kane. Ce dernier ordonna l’arrestation du docteur Cerone mais nul ne put l’appréhender, la cruelle praticienne ayant mystérieusement disparue du Fortin…
Lorsque le docteur Grimm périt à la suite d’une malencontreuse explosion, Elisabeth entreprit de former une nouvelle génération d’étudiants partageant ses valeurs humanistes et désireux de l’épauler dans son combat, la tâche de toute une vie. Echec après échec elle s’obstina, son dévouement frisant l’obsession. Se refusant toujours de céder à la facilité, elle fit la sourde oreille aux rumeurs persistantes selon lesquelles un mystérieux individu résidant au fond du Cloaque serait capable de rendre possible l’impossible. De même, elle rejeta d’une voix impérieuse les émissaires de la Voie Véritable qui prétendaient détenir des pouvoirs curatifs à même de délivrer la population du Fortin, si celle-ci acceptait de se convertir au Culte. Elle œuvra sans relâche, testant des dizaines voire des centaines de solutions qui se révélaient toutes inefficaces. Bien des individus auraient été brisés devant tant d’insuccès et de décès, mais pour Elisabeth, dotée d’une volonté de fer, il était évident qu’elle ne s’accorderait aucun repos avant que la peste de suie ne soit définitivement éradiquée.
Parallèlement à ses recherches, elle accompagne régulièrement les Divisions de la Roue de Fer sur le terrain. Bien qu’il puisse sembler étrange qu’une académicienne d’une si grande importance risque ainsi sa vie, elle considère qu’il est de son devoir de tout mettre en œuvre pour soigner les blessés au combat, d’autant plus qu’elle estime avoir une dette envers Kane qui l’avait soutenue sans aucune arrière-pensée alors qu’elle avait jadis dévoilé les sombres expérimentations d’Amarine.