Le Général Cheylard Kane, commandant en chef de la Roue de Fer, est sans doute l’esprit militaire le plus brillant d’Oriar. Le poste qu’il occupe est électif, et ce pour un mandat de cinq ans. Après avoir remporté, sans la moindre opposition, les trois dernières élections, il poursuit avec habileté la transformation en profondeur, de l’armée régulière du Fortin.
Il grandit dans une famille du Carrefour vivant à proximité suffisante de la Cité Haute pour pouvoir goûter un air relativement frais et échapper à la crainte permanente de la peste de suie. Fils unique, il fut envoyé dès l’âge de huit ans à l’Académie. Ses parents espéraient qu’il pourrait faire carrière au sein de la Roue de Fer et atteindre un poste d’officier divisionnaire qui lui permettrait de s’élever dans la société du Fortin. Quelques années plus tard, le jeune homme à l’esprit vif était devenu un brillant meneur d’hommes et, de l’avis de tous, le Général le plus avisé à avoir jamais dirigé les armées du Fortin.
Cheylard passa nombre d’années à étudier les cultures d’Oriar et à explorer le continent. Il visita la Flèche, citadelle de la Voie Véritables, arpenta les docks de l’embarcadère antalian ainsi que les avenues de la cité des mages. Il voyagea loin au nord au contact des féroces clans mercenaires, parcourut les rues chamarrées de la cité franche d’Yonis et entreprit même un voyage vers le sud lointain et ses terres inexplorées. Partout où ses pas le menaient, il prenait d’innombrables notes dans ses précieux carnets de voyage reliés de cuir rouge. Il étudia avec intérêt les armées de la Voie Véritable, les différences notables entre les Maisons antalianes, les tactiques de harcèlement des Clans Charognards, entre autres, sachant que le meilleur moyen de protéger le Fortin était de connaître intiment ses ennemis potentiels pour être capable, le moment venu, de retourner contre eux leurs propres stratégies.
De plus, planificateur méticuleux, il revient sans cesse sur les plans de bataille qu’il a échafaudés afin de les améliorer et d’éviter, autant que faire se peut, les pertes dans ses rangs. Là où ses prédécesseurs s’étaient avérés être des individus cupides, plus intéressés par la solde et le prestige du titre que par la vie des hommes et des femmes qui constituaient le gros des armées, Cheylard bouscula, dès sa première année d’exercice, des décennies d’immobilisme. Ses discours engagés lui valurent l’admiration de ses troupes. Ce sentiment se voua rapidement en un profond respect lorsqu’il s’opposa avec véhémence aux Barons de Fer les plus puissants. Il les força à augmenter significativement les dotations liées à l’équipement des divisionnaires au détriment des bénéfices proprement scandaleux qu’ils se versaient régulièrement.
Sous son commandement, les vestes tannées cédèrent la place à d’onéreuses armures lourdes tissées de fibres aethériques, les armes anciennes furent remplacées et la recherche militaire redevint l’une des priorités de la guilde des Aether-ingénieurs. Bien que les riches et influents citoyens de la Ville Haute n’aient pas vu d’un bon œil sa popularité, il a su gagner l’entier soutien de l’ensemble des officiers et des divisionnaires de la Roue de Fer. Personne ne s’opposant à lui lors des élections, le libérant ainsi des contraintes de la politique, Cheylard se consacre pleinement à l’élaboration de ses prochaines campagnes militaires, intimement convaincu que le Pacte sera prochainement rompu et que la guerre totale embrasera, à nouveau, Oriar.