Le jeune homme connu sous le nom de Ward est un orphelin du Carrefour livré comme tant d’autres aux rudesses de la vie du Fortin. Ayant perdu très jeune ses parents, il fut confié aux bons soins de l’Office, un orphelinat militaire dirigé par d’anciens soldats de la Roue de Fer qui avaient quitté le service actif. Ward s’enfuit rapidement de ce lieu dont il rejetait la discipline. Pour subsister, il enchaîna les petits boulots, souvent au sein des usines manufacturières qui occupaient la grande majorité des niveaux supérieurs. Vif d’esprit, il passa de longues heures auprès d’ouvriers fatigués et de contremaîtres volubiles, se familiarisant comme il le pouvait aux techniques de fabrication des Aetherguildes. Il s’intéressa tout particulièrement aux secrets de façonnage des armes et des curieux équipements dont étaient munis les Divisionnaires.
Contrairement à l’immense majorité des habitants, Ward rejetait l’Aether. Ce que tous considéraient comme une source d’énergie miraculeuse était pour lui un piège dans lequel s’enfonçait chaque jour un peu plus la collectivité. Comment pouvait-on à ce point baser une société tout entière sur une seule ressource, qui plus est rarissime, et dont la pénurie risquait chaque jour d’en faire s’effondrer l’économie ? Ward se mit en tête de trouver une alternative plus fiable, naturelle et abondante. Après une série de rêves étranges et récurrents, il vadrouilla en dehors du Fortin en quête d’orages car il avait réussi à bricoler ce qu’il pensait être une bobine susceptible d’en recueillir les décharges. Il lui semblait qu’elle pourrait être utilisée comme l’Aether. Sans savoir d’où lui venait cette idée tenace, Ward sentait au plus profond de lui qu’il tenait la solution à son problème. Il échoua bien des fois mais finit par canaliser, au travers de ses surprenantes tentatives, un éclair.
Présenté à la Guilde des Aether-Ingénieurs, son travail ne lui valut que moqueries et scepticisme mais attira l’attention de la brillante Sarah Crain. Ils tombèrent amoureux au premier regard et la jeune femme fit usage de ses relations pour le faire accepter au sein de la Guilde. Emerveillé par les possibilités qui s’offraient maintenant à lui, Ward perfectionna ses cylindres, domptant petit à petit la puissance de la foudre. Aidé de sa compagne, il mit au point le premier moteur fonctionnant grâce à cette innovation mais se heurta d’emblée au refus de ses supérieurs de lui consentir plus de crédits pour ses recherches. A son grand désespoir, lui qui ne se résignait pas à ce que ses inventions soient exploitées à des fins militaires, ce furent les fonds alloués par la Roue de Fer qui lui permirent de poursuivre ses travaux. Dans le but de créer de nouveaux armements, les officiers Divisionnaires supervisaient en effet personnellement les activités des Aether-ingénieurs les plus prometteurs.
Un temps, Ward se refusa à se mettre à l’ouvrage, arguant du fait que le but des ingénieurs était de faire progresser la communauté et non de créer un arsenal. Cependant, quand il apprit que sa bien-aimée s’était portée volontaire pour accompagner la 3ième Division dans les Rocs Brisés, il œuvra jour et nuit afin de mettre au point une armure alimentée par ses récentes créations. Les plans de cette protection, qui contenait un générateur autonome et des gantelets capables de libérer de puissantes étincelles, jaillirent dans son esprit sans qu’il n’y ait réellement réfléchi auparavant. Mais Ward n’en avait cure. Sans même avoir testé ce nouveau matériel, pris d’un affreux pressentiment, il se précipita vers les Rocs Brisés.